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6 décembre 2012

DU DOMAINE DES MURMURES de Carole Martinez

du domaine des murmures_

Pour commencer et exceptionnellement un petit mot :

Il m'a été très difficile de rédiger ce billet car si la passion et les mots pour raconter ce livre étaient bien présents, la rédaction était laborieuse.

Je n'aurais pas imaginé l'ampleur du travail que la "bonne tenue" d'un blog peut générer et je ne peux qu'admirer toutes celles et tous ceux qui s'attèlent sans relâchent à animer le leur. Le travail d'écriture n'est pas chose aisé et je ne peux qu'être humble désormais face à celles et ceux qui en produisent un et qui se voient édités. Peu importe que cela me plaise ou non, le travail est là et respecter le travail d'autrui est un minimum.

Je vous invite chaleureusement à vous rendre sur le blog d'Allie (en bas à droite) et à qui je dois - indirectement - d'avoir osé me lancer. C'est une belle personne qui gagne à être connue car c'est également une lectrice avisée et une excellente bibliothécaire.

Merci d'avoir pris le temps d'avoir lu ces quelques lignes.

Je vous souhaite une belle journée.

 

 

Qui est Carole Martinez ?

Née en 1966, Carole Martinez est une auteure française d’origine espagnole.

Tentée par le théâtre, elle monte sa troupe mais se tourne ensuite vers l’enseignement et devient professeur de français.

En 1998, premier roman nommé le « Cri du livre » réédité depuis sous le titre « l’Oeil du témoin ». Œuvre plus particulièrement dédiée à la jeunesse.

En 2007, s’inspirant des histoires traditionnelles que lui racontait sa grand-mère espagnole, elle rédige un livre « le Cœur cousu » qui connait lui apportera la notoriété.

Enfin en 2011, l’incontournable « du domaine des murmures » que je souhaite partager avec vous.

 

 

Mois de Mai de l’an de Grâce 1187, quelque part en Bourgogne sur les terres du Seigneur de Montfaucon, devant une assemblée médusée, Esclarmonde la belle, outrage le suzerain de son père lorsqu’elle refuse de s’unir à Lothaire de Montfaucon, fils benjamin du puissant seigneur et s’attirant également la ire paternelle.

Bien que très proche de son père et très attachée à lui, Esclarmonde n’a qu’un souhait, qu’un désir : se consacrer à Dieu « Mon père, pourtant, était doux pour moi parmi les gens de guerre. Il s’opposait juste obstinément à m’envoyer là où Dieu me réclamait. Il me refusait le couvent qui m’aurait arrachée à lui plus sûrement qu’un mariage » (p. 20).

Alors, elle l’affirme calmement et publiquement dans l’église : elle sera recluse. A 15 ans, elle force son destin tout tracé de femme « Béguines, mystiques, recluses volontaires parvenaient parfois à mener leur entourage et gagnaient une liberté autrefois inconcevable. Une autonomie à laquelle presqu’aucune femme de ma caste ne pouvait prétendre. Mais à quel prix ? » (p. 24). Elle destine le montant de sa dot à la construction d’une chapelle dédiée à sainte Agnès avec une cellule attenante munie d’une fenestrelle dotée de barreaux dans laquelle elle, Esclarmonde, sera emmurée.

Deux années seront nécessaires à la construction des bâtiments.

Le matin de sa mort au monde des vivants, Esclarmonde se lève l’aube pour profiter de son dernier lever de soleil et s’aventure au-delà des limites du château. Tout est calme, elle est seule du moins le croit-elle car soudain un homme aviné surgit, se précipite sur elle, la violente avant de disparaître.

Esclarmonde rentre péniblement dans sa chambre, se confie à sa suivante et amie et prend la décision de taire ce déshonneur « Aux yeux de tous, je resterais pucelle ! » (p. 39). « Le diable ne gagnerait rien à m’avoir ainsi profanée. » et entre au tombeau.

Alors qu’elle cherche la paix de l’esprit et la tranquillité de l’âme, Esclarmonde ne cesse d’être sollicitée par les pèlerins qui passent et cherchent conseil et réconfort auprès de celle qui acquiert une certaine renommée dans la région.

Quelques semaines sont nécessaires à Esclarmonde pour réaliser qu’elle porte un enfant. Ce bébé, elle le met au monde dans le plus grand secret. La naissance de son petit garçon, accroit encore davantage son aura céleste aux yeux des croyants qui y voient un signe de la grandeur divine pour des raisons que je ne souhaite pas dévoiler ici.

La maternité transforme Esclarmonde qui s’ouvre à l’amour et à l’émerveillement. Elle acquiert de la maturité, pense et agit différemment, avec d’autres objectifs. Son attitude métamorphose Lothaire, son ancien fiancé éconduit au pied de l’autel. Mais il en va de même pour les croyants qu’ils soient pauvres ou riches, hommes ou femmes. Elle est résolue à prendre des décisions, même douloureuses, même lourdes de conséquences. Et elle aussi loin qu’elle le pourra …. Mais l’histoire ne s’arrête pas ici et je ne veux rien vous dévoiler.

J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre que, je l’avoue, j’ai lu sans doute avec impatience, avalant les mots et les phrases avec avidité tant j’étais captivée par les personnages. Je le reprendrai pour le lire avec plus de lenteur, de patience et le déguster en m’attardant sur les détails. La langue utilisée par Carole Martinez est tout simplement savoureuse.

C’est la première fois que je ressens un tel bonheur avec les mots : ces mots qui glissent et roulent comme des bonbons acidulés sur la langue et je m’en suis délectée, me plongeant avec encore plus de facilité dans le monde de cette jeune fille du moyen âge. Cette jeune fille justement est un personnage extrêmement intéressant car dès les premières pages, il m’est apparu qu’elle se rebellait contre sa condition de « matrice » et que bien que la religion ait été indéniablement un pilier dans la société moyenâgeuse, il n’en reste pas moins qu’Esclarmonde a bel et bien fait un choix tout à fait inhabituel pour une jeune fille de sa condition. Les descriptions fournies par l’auteure sur les mœurs et les pensées de l’époque me paraissent essentielles pour comprendre aussi bien l’héroïne que les personnages qui gravitent autour d’elle.

J’avais voici quelques années lu de Simone Bertière des ouvrages traitant des Reines à l’époque de Valois et à l’époque des Bourbons donc déjà bien plus loin dans la chronologie historique. Au fil des pages, j’avais découvert combien la place de ces femmes était difficile car précaire puisqu’elles n’existaient vraiment que lorsqu’elles avaient enfanté et surtout lorsqu’elles avaient mis au monde des enfants mâles. La religion était le principal soutien de ces dames qui n’avaient pas fréquemment d’ami(e)s, étaient loin de leur famille qu’elles ne revoyaient généralement jamais, entourées de personnes intrigantes voire réellement malveillantes.

 

Si le moyen-âge vous intéresse, un homme admirable sait formidablement bien le rendre abordable : Monsieur Jacques Le Goff.

Vous pouvez le retrouver d’une part sur France Culture il doit être encore possible de podcaster certaines de ces émissions.

9782020888097D'autre part dans une collection que j’affectionne tout particulièrement : Explique A chez Seuil Editions LE MOYEN AGE RACONTE AUX ENFANTS (ISBN 978-2020888097).

Cette collection n’est pas uniquement destinée aux enfants mais plutôt à la famille car il faut généralement accompagner la lecture ce qui est profitable à tous ….

QUE DU BONHEUR ***

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